Maladie du sommeil (Koi Sleepy Disease – CEV)

Historique

Un historique de cette maladie est intéressant car il démontre que même si cette maladie virale est connue au Japon depuis les années 70, ses effets dévastateurs commencent de plus en plus à être observés en Europe.

La maladie a depuis été détectée sur des Koi en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et dans bien d'autres pays européens. En Angleterre, le virus a également été trouvé sur la carpe commune.

Le « virus de l'œdème de la carpe » a été détecté au Japon en 1974, où il a provoqué une flambée épidémique provoquant des mortalités élevées chez les Koi juvéniles (tosai). A cette époque, basée sur les signes cliniques, la maladie était encore nommée « l’œdème viral de la carpe »: cette maladie appartient au groupe de grands virus de la famille du Poxviridae.

Au cours de ces dernières années, le virus a été isolé au Japon sur des Koi plus âgés manifestant un comportement somnolent : depuis la maladie est appelée maladie du sommeil (Koi Sleepy Disease). Les poissons affectés montrent des signes de léthargie, se trouvent au fond de l'étang et finalement meurent d'anoxie.

Les premiers cas de CEV en Europe ont été détectés en 2009 puis en 2011 au Royaume-Uni.  Depuis lors, la maladie a été détectée en 2013 en France et aux Pays-Bas. En effet, en automne 2013, la maladie a été détectée pour la première fois aux Pays-Bas dans un grand bassin à Koi au centre du pays. Au printemps 2014, la maladie est apparue en Autriche dans deux cas non apparentés (un cas dans un bassin à Koï et un cas d’une carpe commune adulte importée de République tchèque (entre 7 et 15°).
En Allemagne, la maladie a été détectée une première fois en 2014 impliquant plusieurs populations de Koi dans différents étangs. Au printemps 2014, plusieurs amateurs ont présenté des Koi montrant les signes cliniques du CEV : léthargie, ulcérations sur la bouche, ou sur le côté latéral du corps, un anus enflammé rougi, énophtalmie, gonflement ou nécrose des branchies affectant jusqu'à un tiers du tissu branchial.

Dans un bassin tous les Koi sont morts dans les trois jours sans montrer les symptômes de la maladie.
Dans tous les étangs la température de l'eau variait entre 17 ° C et 22 ° C. Une défaillance des systèmes de filtration a été exclue en tant que cause de mort, car les analyses d'eau n'ont montré aucune altération. Dans tous les cas, de nouveaux Koi avaient été achetés au printemps 2014 chez le même détaillant. D'autres espèces de poissons, comme le poisson rouge, et les esturgeons, maintenus dans les mêmes bassins n'ont pas été affectés. Une quantité modérée à élevée de bactéries opportunistes, en particulier Aeromonas spp, a été détectée sur les échantillons prélevés.

Entre 2013 et 2015 dans le cadre d'un programme de surveillance du KHV, des échantillons ont révélé la présence du CEV en Pologne à la fois sur la carpe commune et dans des élevages de Koi. Dans tous les étangs la température de l'eau variait entre 17 ° C et 22 ° C. Depuis 2013, de nombreux cas sont déclarés chaque année dans tous ces pays.

Symptômes

Cela peut commencer par des sécrétions anormales de mucus, apparition de gonflement (œdème). Les Koi montrent des anomalies comportementales, des signes de léthargie, évoluant très lentement principalement au fond du bassin, parfois à la surface. Les poissons qui semblent endormis réagissent aux dérangements tels que le bruit ou des stimulations diverses, mais retombent aussitôt en léthargie, parfois couchés sur le côté.

Nage très lente, perte d’équilibre, le poisson nage parfois de côté : on observe finalement une nécrose des branchies, taches ou hémorragies cutanées, nageoires rongées. D'autres signes externes d'infection peuvent inclure les yeux enfoncés (énophtalmie) et des branchies pâles et enflées.

Les poissons infectés refusent souvent de manger, ce qui les affaiblit davantage.

En bassin, la maladie se déclenche souvent lorsque la température de l’eau se situe entre 15 et 25°. Les carpes communes tombent malades lorsque la température se situe entre 6 et 10°. La mortalité est élevée et un bassin peut voir disparaître 80 à 100% de ses pensionnaires en seulement quelques jours. Comme pour de nombreuses maladies de Koi, des infections secondaires ou opportunistes peuvent encore apparaître chez les carpes et les Koï infectés par le CEV.

Comment les poissons sont-ils infectés par le CEV ?

Au Japon, la maladie survient généralement pendant la saison des pluies chez les tosai après avoir subi le stress du transport des mudpond aux bassins de stockage.  Bien que l’origine du virus soit inconnue, on présume que les koïs exposés au stress montrent ensuite des signes de maladie. Les explosions typiques de CEV se produisent après l'ajout de poissons infectés sans quarantaine dans un bassin dont les Koi présumés sains. 

La mortalité chez le Koï sains ou de la carpe commune exposée au CEV commence dès le sixième jour et se poursuit jusqu'au seizième après l'infection. Comme déjà dit, la température de l'eau est un facteur important dans la survenue de CEV : elle survient entre 15 et 25 °. Cependant, récemment une nouvelle souche de CEV a été associée à des épisodes de maladie au Royaume-Uni  et aux Pays-Bas chez la carpe entre 6 et 9 °C. Depuis quelques années, on peut considérer la possibilité que le virus ait muté et qu'il se soit adapté aux conditions européennes.

Transmission

La maladie, très contagieuse, se transmet d’un poisson à un autre, porteur du virus, qu’il soit malade ou pas. Le virus peut être transmis par exposition à de l'eau contaminée.  Le poisson malade qui excrète le virus dans l'eau suite à des lésions de branchies ou de peau est probablement un important mode de transmission. On ignore encore si  le CEV est transmissible verticalement (dans les œufs ou les spermatozoïdes). De même, on ne sait pas si les poissons exposés  éliminent le virus après l'infection ou s’ils peuvent l’héberger par la suite. La durée pendant laquelle le virus reste actif dans l'eau est également inconnue.

Le poisson pourrait héberger le virus très longtemps sans être malade. La température est un facteur principal de déclenchement du CEV, bien que d’autres facteurs puissent être déterminants comme le stress. Le matériel tel que les filets, les épuisettes, bacs…  véhiculent également le virus d’un bassin à un autre.

Actuellement, on connaît peu de choses sur les relations génétiques du CEV et d'autres Poxvirus du poisson. Cependant, la comparaison des séquences génétiques de souches de CEV du monde entier chez la carpe commune, et la carpe Koï, ont révélé qu'elles représentent probablement une seule et unique espèce de Poxvirus. 

Le commerce mondial des Koi représente un véritable danger pour la propagation des infections virales: un bon exemple est le virus de l'herpès do Koi (KHV).  Cette maladie dont la déclaration est obligatoire, cause d'immenses dommages partout dans le monde. Les virus du poisson n'infectent pas les humains et le CEV n'est donc pas dangereux pour les humains.

Précautions

Bien que des tests de diagnostic du CEV n'aient été développés que récemment, demandez à vos fournisseurs si des tests de CEV ont été effectués et demandez une copie de la documentation des résultats de laboratoire. Toujours isoler et tester les poissons malades présentant des signes suspects. Retirer immédiatement les poissons morts des bassins pour minimiser la transmission de maladies.

Les propriétaires de Koï doivent mettre les nouveaux Koi en quarantaine, tester les nouveaux arrivants, éviter la surpopulation et les événements stressants en maintenant une bonne qualité d'eau.

La quarantaine est la méthode la plus fiable pour éviter l'introduction de pathogènes dans un bassin. Pour être efficace, tous les nouveaux Koi doivent être conservés dans un bassin distinct, idéalement dans une zone différente du bassin principal. Croiser le peuplement en prélevant quelques sujets du bassin principal. C'est la seule manière de tester les nouveaux Koi. 

Nourrir, manipuler les Koi du bassin principal en premier, puis soigner les nouveaux poissons afin éviter d'introduire des agents pathogènes dans le bassin principal

Le matériel du bassin de quarantaine doit être spécifique et son usage réservé uniquement à ce bassin: le bassin principal disposant de son équipement propre. Prévoir un tapis de désinfection à l’entrée du local de quarantaine afin d’éviter la propagation du virus. Les Koi doivent être mis en quarantaine pendant au moins 30 dans une eau à température constante (entre 15 et 25 °).

Traitement

Au Japon, les producteurs de Koi estiment que le sel dosé à 0,5% (5g / L) aide à prévenir la maladie après que les tosai subissent le stress du passage des bassins de nurserie aux bassins de stockage. Certains producteurs évitent la récolte pendant les périodes où la température de l'eau se situe entre 15 et 25°. L’addition de sel à 0,5 % dans l’eau pendant plusieurs semaines et une élévation de la température à 30° permettent de limiter la maladie. La technique de l'ajout de sel est déjà utilisée par des propriétaires de bassin, mais cela risque par la suite de répandre le CEB par des porteurs sains.

Une quarantaine est donc fortement recommandée lors de nouveaux achats : si la maladie apparaît, comme il n’existe pas de vaccin, il est conseillé d’éliminer les poissons et de prendre toutes mesures pour éviter la propagation du virus.


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