Maladie du sommeil (Koi Sleepy Disease – CEV) : Une maladie virale émergente

La maladie du sommeil, ou CEV (Carp Edema Virus), est une maladie virale dévastatrice pour les koïs et les carpes communes. Connue au Japon depuis les années 70, elle s'est répandue en Europe à partir de 2009 et continue de se propager, causant des taux de mortalité élevés. Le virus appartient à la famille des Poxviridae, des virus de grande taille.

Degré de dangerosité

Sur une échelle de 1 à 10, le CEV est classé à 10. Sa nature très contagieuse, sa capacité à infecter la quasi-totalité du cheptel d'un bassin et son taux de mortalité élevé (80 à 100% en quelques jours) en font une menace mortelle pour les poissons de bassin. Le virus a probablement muté pour s'adapter aux conditions européennes, se déclenchant même à des températures plus froides qu'à l'origine.

Symptômes et déclenchement

La maladie se déclenche le plus souvent lorsque la température de l'eau se situe entre 15 et 25°C, bien que des cas aient été rapportés à des températures plus basses (6 à 10°C). Le stress, comme celui causé par le transport ou l'introduction de nouveaux poissons, est un facteur déclencheur majeur.

Les symptômes peuvent être classés en deux catégories :

Symptômes comportementaux :

  • Léthargie : Les poissons sont lents, semblent endormis et peuvent rester immobiles au fond du bassin.
  • Manque de réaction : Les koïs peuvent ne pas réagir aux stimuli et se coucher sur le côté.
  • Difficultés de nage : Les poissons perdent leur équilibre, nagent lentement ou de côté.
  • Perte d'appétit : Les poissons refusent de s'alimenter, ce qui les affaiblit davantage.

Symptômes physiques :

  • Altération de la peau : Sécrétion anormale de mucus, œdème, hémorragies cutanées et nageoires rongées.
  • Problèmes de branchies : Nécroses et gonflement des branchies (affectant parfois jusqu'à un tiers du tissu), entraînant des difficultés respiratoires. Les poissons peuvent se retrouver en surface, la bouche grande ouverte, cherchant de l'oxygène.
  • Autres signes externes : Yeux enfoncés (énophtalmie) et anus enflammé.
  • Infections secondaires : Les lésions cutanées ouvrent la voie à des bactéries opportunistes comme Aeromonas ou Pseudomonas, compliquant le tableau clinique.

Transmission et prévention

Le CEV est hautement contagieux. Il se transmet d'un poisson à l'autre par contact direct ou par exposition à de l'eau contaminée. Le virus peut être excrété par les lésions des branchies et de la peau. Le matériel (filets, épuisettes) est également un vecteur de transmission majeur. Bien qu'on ne sache pas si les poissons peuvent être des porteurs sains à long terme ou si la transmission verticale (par les œufs) est possible, il est essentiel d'adopter des mesures de prévention strictes.

La quarantaine est la méthode la plus fiable.

  1. Isoler les nouveaux arrivants : Placez tout nouveau koï dans un bassin de quarantaine distinct pendant au moins 30 jours à une température de 15 à 25°C.
  2. Tester les poissons : Pour vérifier la présence du virus, il est recommandé de faire des tests de croisement.
  3. Matériel dédié : Utilisez un équipement spécifique (filets, épuisettes) pour le bassin de quarantaine.
  4. Respect de l'hygiène : Manipulez d'abord les poissons du bassin principal avant de vous occuper de ceux de la quarantaine. Un tapis de désinfection à l'entrée du local de quarantaine est une bonne pratique.

Traitement et conclusion

À l'heure actuelle, il n'existe aucun vaccin ou traitement curatif pour le CEV. La seule recommandation est d'éliminer les poissons infectés pour éviter la propagation du virus. Le sel (à 0,5% ou 5g/L) et l'élévation de la température à 30°C peuvent aider à limiter la maladie, mais ne la guérissent pas.

Le commerce mondial des koïs est un facteur de risque majeur pour la propagation de ces maladies virales. Il est donc crucial pour les propriétaires de bassins d'être conscients de ces dangers et de mettre en place des protocoles de quarantaine rigoureux.

2025


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