Introduction : Le combat contre les nitrates

Dans la gestion d'un bassin à Koi, la nitrification (transformation de l'ammoniac en nitrates) est une victoire, mais elle ne résout qu'une partie du problème. Les nitrates s'accumulent et, même s'ils sont moins toxiques que l'ammoniac ou les nitrites, leur concentration doit être contrôlée. Pour les Koi, des taux élevés de nitrates (supérieurs à 10 mg/L) peuvent affecter la croissance, la couleur et la qualité de la peau. Le simple fait d'ajouter de l'eau neuve ne suffit pas à maintenir ces taux au niveau optimal de 5 à 10 mg/L. C'est là qu'intervient la dénitrification.

La dénitrification : Le chaînon manquant du cycle de l'azote

La dénitrification est la voie biologique la plus efficace pour éliminer les nitrates. C'est un processus qui permet de transformer les nitrates (NO₃⁻) en azote gazeux (N₂), qui s'évapore dans l'atmosphère. Cette réaction est réalisée par des bactéries spécifiques dans un environnement anoxique, c'est-à-dire un milieu où l'oxygène dissous est très faible (moins de 1 mg/L).

Attention : Un milieu anoxique ne doit pas être confondu avec un milieu anaérobie (sans oxygène du tout). En cas d'anaérobie, il peut y avoir fermentation et production de composés indésirables comme le sulfure d'hydrogène.

Les méthodes pour la dénitrification en bassin

Il existe plusieurs techniques pour créer les conditions anoxiques nécessaires à la dénitrification :

1. La dénitrification hétérotrophe

Ce procédé utilise des bactéries qui se nourrissent de carbone organique. On les installe dans un réacteur (dénitrateur) où l'eau du bassin circule très lentement. Le défi majeur est d'apporter la bonne quantité de carbone (sous forme de glucose ou d'alcool). Trop peu de carbone et la dénitrification est incomplète, créant des nitrites. Trop de carbone et le milieu devient réducteur, produisant des odeurs désagréables de "soufre".

2. La dénitrification autotrophe

Cette méthode est plus récente et plus efficace. Elle utilise des bactéries capables de dénitrifier sans carbone organique. Elles oxydent un substrat inorganique comme le soufre. Le réacteur est rempli de billes de soufre granulaire. L'eau y circule très lentement, du bas vers le haut.

  • Avantages : Pas besoin d'ajouter de carbone. Une fois réglé, le système est stable et peut ramener les nitrates à zéro.
  • Inconvénients : Le démarrage est lent et peut produire des nitrites. L'eau en sortie est plus acide, ce qui nécessite une aération pour en remonter le pH avant qu'elle ne retourne au bassin.

3. Les filtres à plantes

Les plantes à croissance rapide sont capables d'absorber une partie des nitrates. Cependant, dans un bassin à Koi très peuplé et fortement nourri, le volume de plantes nécessaire pour avoir un effet significatif serait énorme. Un filtre à plantes n'est pas une solution efficace pour maintenir des taux de nitrates bas dans ce type de bassin.

4. Les échangeurs d'ions

Cette solution consiste à faire passer l'eau sur une résine qui capte les nitrates et libère d'autres ions inoffensifs. Cette résine a une capacité limitée et doit être régulièrement régénérée avec une solution saline. Le procédé est efficace mais complexe et coûteux pour les grands volumes d'eau. Il est plus adapté à l'aquariophilie.

L'importance du biofilm et de l'entretien

Quel que soit le système, la dénitrification repose sur la formation d'un biofilm, une couche de micro-organismes qui adhère aux supports de filtration. Ce biofilm protège les bactéries et optimise leur travail.

Il est important de noter que même les bassins à Koi les mieux conçus peuvent avoir des zones anoxiques, notamment dans les boues de fond. Un entretien régulier du fond du bassin est donc essentiel pour éviter que les nitrates ne soient reconvertis en nitrites ou en ammoniac.

Conclusion

La dénitrification est un enjeu majeur pour les passionnés de Koi. Si les changements d'eau peuvent suffire pour maintenir des taux de nitrates "acceptables" (moins de 50 mg/L), des solutions plus avancées comme les dénitrateurs hétérotrophes ou autotrophes sont nécessaires pour atteindre des niveaux optimaux (5-10 mg/L) et garantir une santé parfaite, une croissance maximale et des couleurs éclatantes pour vos Koi.

2025


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